galaxie 104 by collectif

Auteur:collectif
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2014-03-01T05:00:00+00:00

8

EMRYS SHORTMIRE découvrit qu’il ne voulait plus de la vie. Il retourna dans sa demeure et tenta de se pendre. Mais la corde se refusa à lui couper le souffle. Il pointa un pistolet à rayons sur sa tête et, bien que la chaleur devînt intolérable, il ne fut pas brûlé. Il avala du poison et attendit. Rien ne se produisit. Il se jeta du haut du toit et atterrit indemne sur le pavé au-dessous. Il revint à l’intérieur et se trancha les veines des poignets, et il vit les entailles se fermer devant ses yeux. Et comme il regardait fixement la peau intacte, un brouillard épais emplit la pièce et il entendit la voix d’Uvrei – et de tout, le plus insultant fut que la voix du Morethan osât exprimer de la compassion.

— « Ne sais-tu pas, Emrys, qu’un immortel ne peut pas mourir ? »

Quand Emrys se força à regarder le très vieil homme, il vit que les yeux magnifiques étaient pleins d’une pitié impie. « Tu es un dieu immortel, fils de mon esprit. Tu peux détruire n’importe quoi, sauf l’un des nôtres… et tu es des nôtres à présent ! »

— « Je ne suis pas des vôtres. Je ne suis pas un dieu, ni vous non plus. Je ne suis pas…» Emrys baissa les yeux sur ses poignets, puis regarda Uvrei. « Mais il se peut que je sois immortel, » admit-il. « Ce n’était pas seulement une figure de rhétorique ? »

— « Tu ne mourras jamais, Emrys. Tu existeras toujours, comme nous, une poignée d’immuabilité dans un univers changeant. »

— « Alors, je ne serai pas mort quand vous viendrez sur la Terre ? » Il avait imaginé qu’il serait à l’abri, mais quel châtiment raffiné de découvrir qu’il avait encouru la malédiction d’une vie éternelle qu’il ne désirait pas au moment où il était las de l’existence ! Il n’avait pas été bon, mais quel homme était assez mauvais pour mériter cela ?

— « Quand nous viendrons sur la Terre, tu nous attendras. Mais tu te réjouiras de notre venue. » Et Uvrei dit une fois encore : « Tu es l’un des nôtres, Emrys ! »

— « Je n’en suis pas ! Non, je n’en suis pas ! »

— « Bien sûr que si. Comme nous, tu ne respires pas de l’air…»

— « Si…» Alors Emrys se rappela que la corde n’avait pas coupé son souffle, et c’était peut-être bien parce qu’il ne respirait pas.

— « Comme nous, tu ne consommes pas de nourriture. »

— « Mais si ! » Et là Emrys était sincèrement perplexe.

— « Nous t’avons laissé ton système digestif parce qu’une partie du plaisir que tu réclamais vient de là. Mais tu pourrais te priver complètement de la nourriture que tu crois te soutenir et ne ressentir aucun effet fâcheux – au moins physique. Ce sont les pilules qui te nourrissent, Emrys. »

— « Eh bien, » dit lentement Emrys, « elles sont de la nourriture, alors. »

— « En quelque sorte.

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